AAP / AMIRecrutements
Liste des projets lauréats
Projets sur l'infertilité
SNACS : Comment les aliments ultra-transformés menacent la fertilité masculine

Marie-Charlotte Dumargne

IPMC, CNRS, Inserm, Université Côte d’Azur

Promotion 2025

Résumé du projet de recherche :

Alors que la préparation à la parentalité se concentre souvent sur les femmes, la santé du futur père avant la conception est tout aussi déterminante et influence pour moitié celle des enfants à naître. Les aliments ultra-transformés (UPF) – snacks emballés, fast-food, conserves et plats préparés – contiennent de nombreux polluants chimiques issus des ingrédients industriels nécessaires à leur conservation ainsi que des emballages. Ces substances peuvent pénétrer dans l’organisme et altérer la qualité du sperme et l’ADN qu’il transporte. Cependant, les mécanismes impliqués restent mal compris.

Le projet SNACS, porté par Marie-Charlotte Dumargne, explore comment la consommation d’UPF peut nuire à la santé des spermatozoïdes et à la fertilité masculine. En combinant étude humaine et expérimentations sur souris, ce projet vise à 1) comprendre comment les polluants présents dans ces aliments affectent la production des spermatozoïdes et à 2) déterminer si l’alimentation masculine avant conception peut influencer non seulement la fertilité, mais aussi la santé des générations futures.

Les résultats de cette étude permettront de mieux cerner l’impact de l’alimentation moderne sur la reproduction et d’orienter de nouvelles recommandations pour protéger la santé reproductive masculine.

 

Direction scientifique : Romain Barrès – IPMC, CNRS

Intervillite chronique histiocytaire : Facteurs pronostiques dans une cohorte multicentrique prospective française

Anastasia Dupré

ImmunoConcEpT, CNRS, Université de Bordeaux

Promotion 2025

Résumé du projet de recherche :

L’intervillite chronique histiocytaire (ICH) est une maladie placentaire rare et sévère, à l’origine de conséquences obstétricales dramatiques. En effet, dans 23% des cas, cette maladie induit une fausse couche et, dans 25% des cas, une mort fœtale in utero. En cas de naissances vivantes, un retard de croissance intra-utérin est observé dans 45% des cas et/ou une prématurité dans 43% des cas. Le risque de récidive lors d’une grossesse ultérieure, quant à lui, est estimé à 50%.

Étant donné la rareté de cette maladie, les données disponibles dans la littérature sur les facteurs associés à une naissance vivante et les facteurs de risque de récidive lors d’une grossesse ultérieure sont limitées. Plusieurs études suggèrent qu’un traitement immunomodulateur pourrait améliorer le pronostic obstétrical des ICH, sans que ce traitement ne soit codifié actuellement.

Le projet de recherche porté par Anastasia Dupré vise à décrire la plus grande cohorte prospective multicentrique française, grâce au registre national du GR2 (Groupe de Recherche de la Grossesses au cours des Maladies Rares), afin d’identifier des facteurs pronostiques et l’impact des traitements immunomodulateurs sur les issues obstétricales.

 

Direction scientifique : Estibaliz Lazaro – ImmunoConcEpT, CNRS, Université de Bordeaux

Étude de la maturation des ovocytes dans l’environnement folliculaire

Noemi Monferini

IBDM, CNRS, Aix-Marseille Université

Promotion 2025

Résumé du projet de recherche :

L’ovulation est un processus biologique fortement coordonné qui prépare le follicule ovarien[1] à la libération de l’ovocyte, contribution maternelle à la nouvelle vie. Peu avant l’ovulation, l’ovocyte subit des changements développementaux critiques afin d’être prêt pour la fécondation. Bien que l’étude d’ovocytes isolés ait permis d’acquérir de nombreuses connaissances, certains aspects clés du développement de l’ovocyte au sein du follicule restent mal compris.

Le projet de recherche porté par Noemi Monferini explore comment l’environnement du follicule ovarien favorise la maturation de l’ovocyte. Cette recherche vise à fournir de nouvelles informations sur la fertilité féminine et à éclairer les futures stratégies thérapeutiques.

[1] Follicule ovarien : petit sac rempli de liquide dans l’ovaire qui contient un ovocyte immature.

 

Direction scientifique : Christopher Thomas – CNRS

Impact de l’organisation du cortex d’actine sur le potentiel de développement des ovocytes

Elvira Nikalayevich

CIRB, Collège de France, Université PSL

Promotion 2025

Résumé du projet de recherche :

La qualité des ovocytes est essentielle au bon développement embryonnaire. Les travaux récents d’Elvira Nikalayevich montrent que le cortex de l’ovocyte¹, une couche riche en actine, influence les organites cytoplasmiques². Elle propose l’hypothèse selon laquelle les changements dans la composition corticale modifient les propriétés physiques du cortex, qui définissent sa fonctionnalité et ses effets en aval sur le cytoplasme.

Le premier objectif du projet porté par Elvira Nikalayevich est d’identifier les composants clés du cortex de l’ovocyte qui régulent l’architecture corticale et les propriétés biophysiques, et de comprendre comment ils façonnent le cytoplasme de l’ovocyte et influencent son développement.

Le second objectif est de développer un outil d’apprentissage automatique sans marquage pour la caractérisation des organites dans des ovocytes de souris témoins et mutants présentant des anomalies corticales. Cet outil dérivé de l’IA sera affiné afin de caractériser les ovocytes humains utilisés dans les cliniques de fertilité.

Ce projet permettra d’élucider comment les anomalies cytoplasmiques des ovocytes humains et murins peuvent servir de nouveaux marqueurs de l’infertilité.

¹ Région de l’ovocyte comprenant l’oolemme, la membrane plasmique de l’ovocyte, et le cytoplasme situé directement en dessous.

² Structures spécialisées (réticulum endoplasmique, vacuoles, mitochondries) contenues dans le cytoplasme d’une cellule.

 

Direction scientifique : Marie-Hélène Verlhac – Collège de France, et Marie-Émilie Terret – Collège de France

Contrôle épigénétique du maintien de la fonction ovarienne

Isabelle Stévant

IGH, CNRS, Université de Montpellier, Genopolis

Promotion 2025

Résumé du projet de recherche :

Le bon fonctionnement de l’appareil reproducteur féminin dépend du maintien de l’identité des cellules de l’ovaire. Si ce contrôle est perdu, ces cellules peuvent adopter des caractéristiques masculines, ce qui perturbe la fertilité.

Des travaux précédents ont montré que l’épigénétique, un ensemble de mécanismes qui régulent l’activité des gènes sans modifier la structure de l’ADN, joue un rôle clé pour empêcher l’activation du programme de différenciation mâle dans les ovaires.

Ce projet de recherche, porté par Isabelle Stévant, étudie le rôle d’une protéine, SETDB1. Cette dernière modifie l’organisation de l’ADN dans la cellule afin de contrôler quels gènes sont actifs ou éteints. Grâce à des techniques de séquençage avancées, la façon dont SETDB1 maintient l’identité féminine des cellules ovariennes et empêche leur transformation en cellules testiculaires sera explorée.

La protéine SETDB1 étant une cible potentielle pour certains traitements contre le cancer, les résultats de cette étude pourraient aider à anticiper les effets de ces traitements sur la fertilité des femmes.

 

Direction scientifique : Francis Poulat – IGH, CNRS, Université de Montpellier, Genopolis

Projet sur l'endométriose
EndoMigr : Explorer les parcours de vie et les trajectoires de soins des femmes immigrées originaires d’Afrique subsaharienne souffrant d’endométriose et installées en France

Tony Zitti

IRD, Inserm, Université Paris Cité, Université Sorbonne Paris Nord

Promotion 2025

Résumé du projet de recherche :

En France, l’endométriose touche environ 1 femme sur 10. Les femmes immigrées originaires d’Afrique subsaharienne (ASS) vivant en France restent encore sous-représentées dans les recherches cliniques, et épidémiologiques. Leur parcours de vie, souvent marqué par des formes multiples de précarité et de discriminations systémiques, peut façonner leurs accès au diagnostic, et à la prise en charge médicale de l’endométriose.

Le projet de recherche porté par Tony Zitti, appelé EndoMigr, vise à comprendre les spécificités des parcours de vie et des trajectoires de soins de ces femmes. Une étude qualitative reposant sur des entretiens biographiques auprès d’environ 40 femmes immigrées originaires d’ASS souffrant d’endométriose résidant en Île-De-France sera réalisée.

Les résultats de cette étude permettront de mieux comprendre les spécificités des parcours de soins des femmes immigrées originaires d’ASS souffrant d’endométriose, dans le but d’améliorer la sensibilisation et la prise en charge de l’endométriose chez ces femmes en France.

 

Direction scientifique : Annabel Desgrées du Loû – IRD, Inserm, Université Paris Cité, Université Sorbonne Paris Nord

Retour sur l’appel à candidatures et la sélection

Afin de soutenir de jeunes chercheur·euse·s et leurs projets de recherche contribuant à faire progresser les connaissances sur l’endométriose et l’infertilité, le programme de recherche France 2030 « Santé des femmes, Santé des Couples », a lancé des appels à candidatures pour des allocations postdoctorales en 2025.

Les candidat·e·s issu·e·s de différentes disciplines, telles que la recherche fondamentale, la recherche clinique, la santé publique ou la recherche en sciences humaines et sociales, ont été invité·e·s à déposer leur candidature. L’appel était aussi ouvert aux personnes n’ayant pas d’expérience dans le domaine de l’endométriose ou de l’infertilité, à condition que leur projet soit en rapport avec le programme.

A l’issue de cet appel, 43 dossiers éligibles ont été soumis. Après examen des candidatures par un comité scientifique indépendant, 6 lauréat·e·s ont été sélectionné·e·s.

Les lauréat·e·s bénéficient d’une allocation postdoctorale de 1 ou 2 ans et reçoivent également un budget de 20 000 € par an pour les dépenses de recherche.